9 mars 2019
Les conséquences traumatiques des violences sont encore très mal connues et traitées par le grand public, et par le monde médical. On entend parfois parler de Syndrome de Stress Post-Traumatique (SSPT) – généralement au sujet de vétérans de guerres et, plus rarement, au sujet de victimes de violences sexistes ou sexuelles – mais guère plus.
Pourtant, les conséquences traumatiques sont beaucoup plus courantes que ce qu’on croit. Dans cet article, nous essayerons d’apporter des clarifications entre SSPT et symptômes traumatiques :
Presque tout le monde a vécu ou vivra des événements traumatiques durant sa vie – de nature, de degré, et de fréquence variés – pourtant pas tout le monde ne développe de SSPT : pourquoi ?
Parce que la plupart du temps, les personnes trouvent des ressources pour faire face au trauma : état psychologique antérieur stable, situation de vie sécurisante, possibilités d’exprimer ses ressentis négatifs, reconnaissance et soutien des proches et de la société, et stratégies d’ « auto-traitement ».
Mais il n’est pas rare que des personnes ayant vécu des violences développent tout de même des « comportements post-traumatiques », qui leurs servent à gérer leurs traumas, à mettre leurs angoisses traumatiques « sous le tapis ».
Ces comportements rentrent globalement dans deux catégories : les symptômes anxieux et les conduites dissociantes.
1.Les symptômes traumatiques anxieux : la majorité des personnes qui souffrent de symptômes traumatiques anxieux sont en errance médicale. Car elles sentent bien que quelque chose ne va pas, qu’il y a des dysfonctionnements flagrants dans leur santé physique et psychique, et qu’elles sont globalement en souffrance : elles ont souvent peur d’avoir « une maladie grave » mais n’arrivent pas à mettre le doigt dessus.
C’est que le trauma, quand il n’est pas exprimé par la parole, s’imprime dans le corps ! Alors, il ressort sous forme de violents maux de ventre, de tête, de poitrine, de dos, par de graves problèmes de peau, ou par des problèmes gynéco à répétition. D’autres fois, ce sera par des vertiges, de la tachycardie, la sensation de ne plus arriver à respirer ou à avoir d’équilibre.
Alors, comme les symptômes sont bien réels, mais que le corps médical ne leur trouve pas d’explication, les patients sont renvoyés d’un spécialiste à l’autre : ils prennent des anti-douleurs, des anti-inflammatoires, des anti-spasmodiques, des vitamines, arrêtent de manger ceci ou cela, bref toute une panoplie d’auto-traitements tâtonnants visant à pallier les déficiences d’un traitement médical inadapté.
2. Les symptômes traumatiques dissociants : les conduites traumatiques sont plus contre-instinctives : en effet, la plupart des personnes qui les pratiquent ont des attitudes contre-phobiques, c’est à dire qu’elles vont au devant du danger et qu’on dirait un peu qu’elles sont tout le temps fortes et qu’elles « n’ont peur de rien ». Elles vont souvent dire haut et fort qu’elles vont TRÈS TRÈS bien : elles sont juste « débordées ».
Typiquement, ce sont des personnes qui vont manger beaucoup ou très peu, être très résistantes au froid, au chaud ou à la douleur, aimer les sports extrêmes et l’esthétique du combat, qui vont consommer des fortes quantités d’alcool, de cigarettes, de café ou de drogues, qui aiment faire la fête, travailler beaucoup, qui se vantent de leur résistance.
Sexuellement, ces personnes vont être attirées par les pratiques violentes, psychologiquement, verbalement ou physiquement, et être préoccupées par des scénarios d’auto-mutilation, d’auto-sévices, d’agressions, de tortures, de viol, ou parfois des phobies d’impulsions (peur de faire mal, d’agresser).
Elles vont fantasmer sur du sexe « risqué » (exhibé ou caché), vont avoir des rapports non-protégés, multiplier les partenaires, consommer du contenu porno violent et/ou côtoyer le milieu prostitutionnel.
Dans leurs loisirs, elles vont s’orienter vers des activités susceptibles de faire monter leur adrénaline, comme les activités compétitives ou transgressives, les jeux d’argent, les achats compulsifs, le vol, les fréquentations dangereuses ou l’adhésion à des mouvements violents ou sectaires.
La plupart des personnes qui souffrent de symptômes traumatiques n’ont pas conscience (ont refoulé) le fait qu’elles ont vécu un (des) trauma(s). C’est notamment le cas d’énormément de victimes de violence sexuelle, qui vont parler de « mauvaises expériences » (affectives, ou sexuelles) sans réaliser qu’elles ont vécu des violences qui les ont traumatisées.
On peut parler de SSPT au moment où le trauma est tellement présent dans la vie de la personne qu’elle n’arrive plus à le mettre « sous le tapis » à l’aide de troubles anxieux ou de conduites dissociantes. À ce moment, son corps et son cerveau ne lui laissent plus le choix : les symptômes augmentent et persistent de plus en plus pour lui indiquer qu’il faut SOIGNER son trauma.
Un SSPT déclaré a des symptômes assez clairs et facilement diagnosticables quand on les connait :
Pour une liste complète des symptômes du SSPT répertoriés dans le DSM-V, cliquez sur ce lien.
Que vous souffriez de symptômes traumatiques ou de SSPT, une grande aide pourrait vous être apportée par des groupes de parole ou des thérapeutes qualifiés : si vos émotions peuvent s’exprimer, votre corps n’aura plus à le faire à leur place ! N’hésitez pas à vous adresser à un centre de psychotrauma, ou à appeler le numéro vert sur les violences sexuelles : 0800 05 95 95